Vaches et vache folle
Vaches et vache folle
La vache!
Début Juillet. Les vacances à Québec sont déjà planifiées, mais le dur labeur qu'est le mien continue, et le devoir m'appelle... dans l'île de Madère. :)
Madère: un bout de montagne dans l'Atlantique, au large de l'Afrique, les pieds dans l'eau et la tête loin dans les nuages. Littéralement.
Comme beaucoup, j'ai à maintes reprises traversé les nuages. En avion, bien sur, mais aussi en chute libre, une fois. En auto? J'avoue que je n'y avais jamais pensé, et voilà que quelques minutes de route m'ont fait passer d'un temps maussade et nuageux à la chaleur d'un soleil superbe avec à mes pieds, presque à portée de main, ces nuages se comportant comme un océan, longeant baies et criques, définissant l'horizon. La vache! Deux îles en une!
Uma vaca por IANB
Madère étant territoire portugais, je craignais fort que cochon mort et morue morbide soient la seule alternative au jeûne. J'y ai toutefois découvert avec plaisir et délectation la Picanha, spécialité brésilienne.
Le plat est simple et délicieux: des steaks de boeuf sont embrochés et cuits à perfection sur un feu de bois, puis les brochettes sont simplement suspendues devant les convives, qui font glisser à volonté les délicieuses pièces de viande dans leur assiette. La table était aussi garnie d'olives, d'amuse-gueules de porc, de pommes de terre au miel, d'extraordinaires frites, de salade, de milho (un pain de maïs frit) et de quelques bouteilles, le tout délicieux.
J'ai toujours crû qu'on mangeait un steak. J'ai appris qu'on pouvait manger des steaks. Je me suis arrêté après le troisième, par pitié pour la vache.
Mais le carnage a continué le lendemain, alors que j'ai découvert avec enchantement et une pointe de sadisme carnivore le Bife na Pedra. Toujours aussi simple, ce plat est lui aussi terriblement efficace: un subtil et délicat kilo de vache est déposé, cru, sur une pierre brûlante présentée au client.
C'est donc ce dernier qui découpe tout au long du repas des bouchées de la taille désirée, et qui en contrôle la cuisson en les retournant sur la pierre.
Ça goûte le ciel. Et je brûlerai en enfer pour avoir mangé une vache au complet!
Vache folle
Avant l'enfer, le purgatoire. Au terme d'un repas sur une terrasse parisienne, les pompiers se pointent devant le resto, déploient la grande échelle, forcent une fenêtre à l'étage, s'engouffrent dans un appartement, puis plus rien, si ce n'est un attroupement au sol.
Après quelques minutes d'un suspense aussi silencieux qu'ennuyant, je m'approche d'une des fonctionnaires de police qui marine là à ne rien faire (c'est pourquoi on dit fonctionnaire de police!), m'excuse et lui demande ce qui se passe.
« Mais rien, Mônsieur. »
Moi, avec le sourire: « Comment ça, rien? »
« Il ne se passe rien, Mônsieur. »
Moi, gentiment mais un peu perdu: « Ben, un camion de pompiers, la grande échelle, une fenêtre brisée, il doit bien se passer quelque chose? »
« Oui, mais je n'ai pas à dire à des individus en votre genre ce qui se passe, ça ne vous regarde pas. »
Moi, qui fais des pirouettes pour rester irréprochablement poli: « Pourquoi êtes-vous impolie? Vous auriez pu me répondre ça d'entrée de jeu, au lieu de me traiter comme un imbécile! »
Un autre représentant de la gent bovine, resté à l'écart jusque là: « Et vous, vous vous croyez poli de poser une question sans dire bonsoir!?! »
Je vous passe la suite, ridicule, où la vache folle m'a demandé mes papiers, m'a envoyé promener, a refusé de s'identifier, et a déclaré à son supérieur que je la harcelais.
Je savais bien que l'enfer m'attendait! ;)
Bonne action de grâce à ceux que ça concerne, et à bientôt!
lundi 14 octobre 2002